Je me souviens clairement du premier magasin où, pour un serre tête en métal affublé d'un pauvre nœud home-made (traduisez : mal fait) on me demandait presque 20 euros. Certes la vendeuse avait une robe bohème qui devait coûter le prix de 4 chèvres à elle toute seule et la déco bab's fleurait bon les fleurs et l'après shampoing (et non pas le bouc et les foins fermentés), mais pour les 20 euros, je n'emportais chez moi que le serre tête. J'ai donc haussé un sourcil épilé face à la petite vendeuse qui m'a gratifié d'un demi-sourire pincé et d'un tournage de menton de 90° vers la gauche. Cela ne semble rien mais tout cela correspond à l'équivalent d'un concours d'insultes non verbale dans l'univers de la boutique de mode.

Je me souviens m'être dit que je me sentais peu l’âme columbidaeenne ce jour là (laissez tomber google, ça veut dire d'un pigeon). J'ai donc laissé tomber la boutique feutrée à motif liberty pour me diriger vers le monde du strass, du kitchouille et du plastique pas cher. Mais si, ce magasin dont le nom est un prénom féminin et qui semble servir de litière à Hello Kitty. Je sais, honte à moi de cautionner ce genre d'endroit, mais un simple carré de tissu rouge à motif blanc aurait fait mon bonheur. Même une lanière à attacher autour d'un bun.

Et il y en avait.

Des empilements de carré à l'imprimé peint directement sur le tissu (et que d'un seul côté of course), des headband à dentelle dépressive et paillette suicidaire (la majorité s'étant jetée au sol). Des barrettes à papillon de tissu collés avec la minutie d'un deuxième année de maternelle dyspraxique. Le tout à 6 euros minimum l'article.

A ce stade je me souviens avoir pensé que décidément, le monde de l'accessoire margeait plutôt bien. Vendre 6 euros un chouchou qui doit contenir 15 centimes de matière première et encore moins de main d’œuvre c'est quand même un bon plan. Alors certes il a du prendre l'avion pour parvenir jusqu'à nous, mais si c'est ce qui justifie son prix il va falloir songer à passer en classe éco.

Je me souviens du fort sentiment d'agacement à l'idée de ne plus trouver que du cher de mauvaise qualité ou du pas chèr d'encore plus mauvaise facture dans les magasins. Je me rappelle de cette poussé de l'hormone de la contestation où, retrouvant mes 16 ans pseudo-revolutionnaire, j'ai eu envie de conspuer tous les actionnaires de ce genre de firmes, qui exploitent les autres tout en prenant les autres pour les derniers des abrutis. Et tel une Hulk perchée à 9 cm du sol, j'ai tourné les talons et attaqué rageusement les pavés toulousains sans me tordre les chevilles une seule fois (saluez l'exploit!). Et non je n'ai pas arraché mon tee shirt.

Et c'est à peu près à ce moment là que ça a du déraper.

Parce que je me souviens avoir ensuite repris mes esprits devant la boutique de chez Toto, un sac dans les mains. Dedans la preuve flagrante que 20 euros pour un bout de nœud chiffonné, c'est quand même pousser mémé dans les orties et la finir à coup de barre à mine. Pour 10 euros j'ai pu acheter tout ce qui est présenté sur la photo, soit : 1 mètre de tissu rouge à pois blanc, un grand coupon de voile rouge, 1 mètre de dentelle blanche, 1 mètre de dentelle noire, 2 mètres d'élastiques divers, un lot de barrettes plates et quelques épingles à nourrice. Le seul hic, c'est que tout ça à l'était brut, ca ne tient pas très bien les cheveux. Mais voilà, avec un peu de bonne volonté je suis sure de pouvoir obtenir tout un tas d'accessoires sympas. Après tout je ne suis pas plus bête qu'un petit chinois, juste moins productive et avec quelques droits.

Bon ben maintenant il n'y a plus qu'à ^^